Qu’il soit fils de bûcheron, princesse abandonnée ou sœur souillon, qu’il soit naïf, malicieux, ou téméraire… le héros/l’héroïne du conte est un enfant. C’est le même enfant qui écoute l’histoire, celui qui, assis sur les genoux d’un adulte bienveillant, regarde les images du livre et attend qu’on lui narre sa propre aventure. Car c’est lui que l’on cache, que l’on veut perdre, que l’on maltraite, et qui franchit les épreuves malgré sa peur, malgré les sorcières et les géants, malgré les tempêtes et les sortilèges. C’est lui qui, à la fin, triomphe de tout. Dans les contes, les héros, les héroïnes minuscules traversent et surmontent toutes les épreuves.
Dans la réalité, les enfants n’entendent pas tous la même histoire, certains sont plongés dans un conte peuplé de marâtres et d’ogres, un conte sans pain, sans fée, sans formule magique. Un conte qui finit mal, quand le chasseur n’arrive pas à temps pour ouvrir le ventre du loup et sauver celles que la bête a dévorées. Aucune histoire ne saurait distraire de cette réalité.
J’ai voulu réunir ces enfants. Les voir venir comme un petit peuple dressé face à nous, nous regardant fixement. Ils viennent de loin, du fond des contes, de notre enfance dorée, de contrées en guerre ou sans pain.